Embauchée à rabais! (Monologue fragmenté)

Pourquoi faire le même travail qu’un autre, mais à rabais? C’est quoi la vérité dernière cette absurdité?

– Parce que tu es peut-être colorée, ton nom n’est pas cool comme on aimerait, comme il faudrait, tu n’es pas une people, tu fais pas partie de l’élite des élitistes, ou selon des dossiers récents ou anciens, tu ne seras jamais la bienvenue, non éliminatoire et même très qualifiant pour les petits salaires, tu utiliseras ta maîtrise, si tu en as une, pour bien faire la caisse et du café. Et finalement, tu n’as pas de brevet.

– Pourquoi je n’ai pas de brevet?

– Tu n’as sûrement pas fait ce qu’il fallait, ou tu as peut-être fait ce qu’il ne fallait pas, ou on t’a simplement encore oubliée, juste comme ça. Ça arrive souvent ça, on te presse comme un citron et on t’oublie quand on distribue l’argent.

– Alors pourquoi on m’engage sur ce coup-là? Et ma dignité, qu’est ce que j’en fais moi?

– Pour te payer à rabais et pas mal profiter, puisque tu es sur la corde raide et pas stressée à peu près par tes besoins non comblés, tes douleurs et tes colères. On parle, en plus, d’un salaire assez moyen, disons bas puisque tu bénéficies du du rabais de 98% sur ton salaire pour la belle vie de la clique, leurs familles et leurs amis. Parce que toi, tu es toi, et que tu as un super profil pour ça.

Maintenant, va travailler souriante et regarde les gens revenir de voyage 6 fois par an les joues colorées par le bonheur que l’évasion, le fait de ne pas se sentir en prison fait à la santé. La soignerc’est scientifiquement prouvé.

Et si tu n’es pas contente, vas t’en, disparais, arrête de respirer ou d’exister. Tu as de quoi manger et un toit? Tu pourrais être dans la rue, n’est ce pas? Bien diplômée ou pas, c’est ça qui est ça. Tu n’as pas la classe, tu n’as pas de chance, et puis tu n’auras jamais la classe et la chance. Des employés à rabais pas satisfaits de leur destinée, c’est juste ingrat. Il y a les esclaves et les rois. Reste digne, la vie te teste alors ne réagis pas, « fais ce qu’on te demande de faire et je te laisse un peu d’air ».

Tu voulais voyager toi aussi? Vas faire tes heures supplémentaire et paye toi un deux étoiles, et si tu as l’air fatiguée pendant, on ira investiguer en profondeur sur ton dévouement et ton intégrité à l’emploi. On ne va pas te donner des mouchoirs pour pleurer, des profils comme toi, y en a une pile qui attend.

Bon, je m’en vais me saucer et me faire un peu bronzer, c’est la saison des dépressions saisonnières, j’aimerais pas que ça m’arrive. Moi, j’ai la classe, j’ai la chance de mon côté et la partie la plus intéressante de ton porte-monnaie, celle avec laquelle on ne finit pas aigri et épuisé.

– Bon voyage.