Fatima : En deçà des mots, au-delà du silence

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Un film troublant qui explore le thème de la violence qui se glisse dans les différentes sphères sociales. Déracinée, en marge, Fatima mène une vie difficile et cherche des mots en français pour mieux exister dans un monde qui la condamne à la pauvreté et qu’elle voudrait mieux intégrer tout en respectant ses penchants cultuels personnels. La violence de la précarité financière ne lui laisse pas de répit et puis il y a le choc des générations qui sème la discorde entre elle et ses filles.

Comme toutes ces femmes oubliées, Fatima affronte les regards qui s’attardent sur le symbole, lequel à l’occasion prend toute la place pour donner le ton à des interprétations, à peine conscientes, qui s’acharnent à la nommer. 

Soumise à l’abus de pouvoir ordinaire de la vie quotidienne, et malgré ses propres rigidités, une présence tranquille, bien que souffrante, traverse ses jours et ses nuits avec un regard porté vers l’horizon de toutes les réalisations. Il y a les enfants et il y a l’espoir d’une vie meilleure.

Des pages blanches accueillent ses tourments quand la frustration et la colère font trembler la structure qu’elle a mise en place pour préserver ses proches de la misère et de l’inconnu.

Alors, elle tombe, elle tombe au sens littéral et figuré, pour finir par briser le silence avec une langue qu’elle possède déjà. Discrète dans ses derniers retranchements, elle s’exprime en silence. La langue arabe la délivre d’un isolement destructeur et c’est au travers d’un échange enveloppé d’empathie, avec le lecteur, qu’elle soigne sa solitude.

Fatima est une adaptation du livre «Prière à la lune» de Fatima Elayoubi, un petit recueil de poèmes, de pensées et de fragments écrits divers. Fatima Elayoubi est une femme maghrébine qui a suivi son mari en France alors qu’elle ne maîtrisait pas la langue française et qui s’est finalement retrouvée à vivre seule avec ses filles.

Ce film est une coproduction franco-québécoise. Le scénario, l’adaptation et les dialogues sont signés par le réalisateur Philippe Faucon dont c’est le sixième long métrage. Il a pris l’affiche au Québec en janvier 2016.